Fiche pratique

DĂ©marchage Ă  domicile (vente hors Ă©tablissement)

Vérifié le 11/12/2018 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

La vente hors établissement, aussi appelée "porte à porte" ou vente à domicile, consiste à proposer au consommateur de souscrire un contrat de vente, de location ou de prestation de services. Elle est soumise à une réglementation protectrice portant sur le contenu du contrat et les délais de rétractation.

Il s'agit de toute action hors établissement, au domicile ou sur le lieu de travail d'une personne, même à sa demande (y compris la vente par réunion privée au domicile d'un particulier), proposant l'achat, la vente, la location, la location-vente ou la location avec option d'achat de biens ou la fourniture de services.

Il peut s'agir par exemple de la pose d'une véranda ou d'une serrure de porte ou d'un ravalement de façade.

La protection s'applique aux personnes physiques en tant que consommateurs. Elle s'étend aux professionnels employant 5 salariés maximum si l'objet du contrat n'entre pas dans le champ de leur activité principale.

Pour qu'un contrat puisse être qualifié de vente hors établissement, il doit avoir été signé en présence physique et simultanée des parties :

  • dans un lieu qui n'est pas celui oĂą le vendeur professionnel exerce son activitĂ© en permanence ou de manière habituelle ;
  • dans un lieu oĂą le vendeur professionnel exerce son activitĂ© en permanence ou de manière habituelle, immĂ©diatement après que le client ait Ă©tĂ© sollicitĂ© personnellement et individuellement dans un lieu diffĂ©rent (domicile, lieu de travail, dans la rue) ;
  • pendant une excursion organisĂ©e par le vendeur professionnel ayant pour but ou effet de promouvoir et de vendre des biens ou des services.

C'est le cas par exemple lorsque le vendeur fait une proposition personnalisée dans une galerie commerciale puis emmène le client dans son magasin pour faire signer un contrat.

Les contrats suivants ne sont pas considérés comme des ventes hors établissement :

  • contrats portant sur les services sociaux (sauf les services Ă  la personne de gardes d'enfants, d'assistance aux personnes âgĂ©es, handicapĂ©es ou Ă  toute personne ayant besoin d'une aide Ă  domicile) ;
  • contrats portant sur les services de santĂ©, dont la prescription, la dĂ©livrance et la fourniture de mĂ©dicaments ;
  • contrats portant sur les jeux d'argent ;
  • contrats portant sur les services financiers ;
  • contrats portant sur un forfait touristique ;
  • contrats portant sur l'utilisation de biens Ă  temps partagé ;
  • contrats rĂ©digĂ©s par un officiel public (par exemple, notaire) ;
  • contrats portant sur la fourniture de denrĂ©es alimentaires, boissons, biens de consommation courante (tournĂ©es de commerçant dans les zones rurales par exemple) ;
  • contrats Ă  distance, avec une ou plusieurs techniques de communication Ă  distance jusqu'Ă  la conclusion du contrat (achats effectuĂ©s par internet, lettres standardisĂ©es, catalogue, notamment) ;
  • contrats portant sur les services de transport de passagers ;
  • contrats conclus avec des opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©communications aux fins d'une connexion unique par tĂ©lĂ©phone, internet, ou tĂ©lĂ©copie ;
  • contrats portant sur la crĂ©ation, l'acquisition ou le transfert de biens immobiliers, la construction d'immeubles neufs, la location d'un logement rĂ©sidentiel.

 Ă€ noter

le professionnel étranger qui fait du démarchage est soumis à la loi française.

Pour que le consommateur soit lié par un contrat de vente de biens ou de fourniture de services, le vendeur à domicile doit obligatoirement lui communiquer un certain nombre d'éléments.

DĂ©livrance d'informations avant de conclure le contrat

Avant la conclusion du contrat, le professionnel doit communiquer de manière lisible et compréhensible, sur support papier ou durable, un certain nombre d'informations dont les plus courantes sont :

  • identitĂ© du vendeur (coordonnĂ©es postales, tĂ©lĂ©phoniques et Ă©lectroniques) et de la sociĂ©tĂ© dont il distribue les produits ;
  • caractĂ©ristiques essentielles du bien ou du service ;
  • date ou dĂ©lai auquel le professionnel s'engage Ă  livrer le bien ou Ă  exĂ©cuter le service ;
  • conditions d'exĂ©cution du contrat (coĂ»t Ă©ventuel d'expĂ©dition ou de mise en service) ;
  • prix et conditions de paiement (formes et taux d'intĂ©rĂŞt en cas de vente Ă  crĂ©dit) ;
  • conditions, dĂ©lai et formalitĂ©s d'exercice du droit de rĂ©tractation du client, avec le bordereau de rĂ©tractation ;
  • conditions de mise en Ĺ“uvre des garanties lĂ©gales ou commerciales ;
  • disponibilitĂ© des pièces dĂ©tachĂ©es ;
  • mĂ©diateur de la consommation compĂ©tent en cas de litige.

A défaut, il encourt une amende administrative (3 000 € pour une personne physique, 15 000 € pour une personne morale).

En cas de litige, c'est au vendeur professionnel de prouver qu'il a bien respecté cette obligation d'information.

Remise obligatoire d'un contrat

La conclusion de la vente se traduit par la signature d'un contrat. Le professionnel doit en garder un exemplaire et en remettre un au client, par écrit ou sur support durable (document en format pdf, clé USB, CD, courriel, par exemple).

Le contrat doit comporter l'ensemble des informations les plus courantes précitées (bon de commande, conditions générales, par exemple), ainsi qu'un bordereau de rétractation détachable. A défaut, il pourra être annulé en justice.

En cas d'absence de remise de contrat ou de bordereau de rétractation, le vendeur (personne physique) encourt une peine d'emprisonnement de 2 ans et 150 000 € d'amende. Pour les personnes morales, l'amende est de 750 000 €.

Interdiction de contrepartie financière pendant un délai de 7 jours

Le vendeur professionnel ne peut pas recevoir de paiement ou de contrepartie financière, sous quelque forme que ce soit de la part du consommateur avant un délai de 7 jours à partir de la conclusion du contrat.

Des exceptions existent néanmoins :

  • abonnement Ă  une publication quotidienne ;
  • contrats de services Ă  la personne proposĂ©s par un organisme agrĂ©Ă© (garde d'enfants, assistance aux personnes âgĂ©es, notamment) ;
  • contrats conclus lors de rĂ©unions organisĂ©es par le vendeur Ă  son domicile ou au domicile du consommateur (avec accord de sa part) ;
  • contrats de travaux d'entretien ou de rĂ©paration Ă  rĂ©aliser en urgence au domicile du client et sollicitĂ©s expressĂ©ment par lui.

Dans les deux premiers cas, le consommateur dispose :

  • d'un droit de rĂ©siliation du contrat Ă  tout moment et sans prĂ©avis, frais ou indemnitĂ©s ;
  • d'un droit au remboursement des sommes versĂ©es, dans les 14 jours, proportionnel Ă  la durĂ©e du contrat restant Ă  courir.

A défaut, le professionnel encourt une peine d'emprisonnement de 2 ans et d'une amende de 150 000 € pour les personnes physiques, 750 000 € pour les personnes morales.

Droit de rétractation

Le consommateur dispose de 14 jours pour renoncer Ă  son engagement :

  • Ă  partir de la conclusion du contrat, s'il s'agit d'une prestation de service,  ;
  • Ă  partir de la conclusion du contrat ou Ă  partir de la rĂ©ception s'il s'agit d'un bien ou d'une prestation de services incluant une livraison.

Si le jour d'expiration du délai est un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, le délai est prolongé jusqu'au lundi ou le lendemain du jour férié.

Lorsque la commande comporte plusieurs biens livrés séparément ou de manière échelonnée, le délai court à partir de la réception du dernier reçu. Cependant, s'il s'agit d'une livraison des biens régulière et sur une période définie, le délai court à partir de la réception du premier bien.

Pour exercer son droit, le consommateur doit envoyer au professionnel le formulaire ou toute déclaration (par exemple, lettre simple) exprimant clairement et sans ambiguïté sa volonté de se rétracter.

Il dispose ensuite d'un nouveau délai de 14 jours pour renvoyer ou restituer le bien.

La rétractation ne doit pas entraîner de frais pour lui (sauf frais éventuels de renvoi si le professionnel l'en a informé préalablement et sauf frais liés à un début d'exécution de prestation de services). Le professionnel doit rembourser la totalité des sommes versées.

Le consommateur ne peut pas exercer son droit de rétractation pour les contrats suivants :

  • fourniture de services pleinement exĂ©cutĂ©s avant la fin du dĂ©lai de rĂ©tractation et dont l'exĂ©cution a commencĂ© après accord prĂ©alable exprès du consommateur et renoncement exprès Ă  son droit de rĂ©tractation ;
  • fourniture de biens ou de services dont le prix dĂ©pend de fluctuations sur le marchĂ© financier Ă©chappant au contrĂ´le du professionnel et susceptibles de se produire pendant le dĂ©lai de rĂ©tractation ;
  • fourniture de biens confectionnĂ©s selon les spĂ©cifications du consommateur ;
  • fourniture de biens susceptibles de se dĂ©tĂ©riorer ou de se pĂ©rimer rapidement ;
  • fourniture de biens qui ont Ă©tĂ© descellĂ©s par le consommateur après la livraison et qui ne peuvent ĂŞtre renvoyĂ©s pour des raisons d'hygiène ou de protection de la santĂ© ;
  • fourniture de biens qui, après avoir Ă©tĂ© livrĂ©s et de par leur nature, sont mĂ©langĂ©s de manière indissociable avec d'autres articles ;
  • fourniture de boissons alcoolisĂ©es dont la livraison est diffĂ©rĂ©e au-delĂ  de 30 jours et dont la valeur convenue Ă  la conclusion du contrat dĂ©pend de fluctuations sur le marchĂ© Ă©chappant au contrĂ´le du professionnel ;
  • travaux d'entretien ou de rĂ©paration Ă  rĂ©aliser en urgence au domicile du consommateur et expressĂ©ment sollicitĂ©s par lui, dans la limite des pièces de rechange et travaux strictement nĂ©cessaires pour rĂ©pondre Ă  l'urgence ;
  • fourniture d'enregistrements audio ou vidĂ©o ou de logiciels informatiques lorsqu'ils ont Ă©tĂ© descellĂ©s par le consommateur après la livraison ;
  • fourniture d'un pĂ©riodique ou d'un magazine (sauf pour les contrats d'abonnement Ă  ces publications) ;
  • conclus lors d'une enchère publique ;
  • prestations de services d'hĂ©bergement, autres que d'hĂ©bergement rĂ©sidentiel, de services de transport de biens, de locations de voitures, de restauration ou d'activitĂ©s de loisirs qui doivent ĂŞtre fournis Ă  une date dĂ©terminĂ©e ;
  • fourniture d'un contenu numĂ©rique non fourni sur un support matĂ©riel dont l'exĂ©cution a commencĂ© après accord prĂ©alable du consommateur et renoncement Ă  son droit de rĂ©tractation (un logiciel par exemple).

 Attention :

si le consommateur signe un contrat déjà daté, non daté ou antidaté, il peut perdre sa possibilité de renoncer à son engagement.

Si les informations sur le droit de rétractation ne sont pas fournies, ou sont fournies dans une forme ne respectant pas les règles, le délai de rétractation est prolongé de 12 mois à partir de l'expiration du délai initial de 14 jours. Si le professionnel communique ces informations pendant cette prolongation, le délai débute à partir de la date de réception de ces informations.

Le professionnel encourt une amende administrative de 15 000 € maximum ou 75 000 € pour une personne morale.

Le consommateur en litige avec un professionnel doit d'abord rechercher une solution amiable.

Il peut contacter le service client. En l'absence de réponse, ou en cas de réponse insatisfaisante, il peut saisir le service consommateurs. Ses coordonnées figurent obligatoirement dans les conditions générales de vente ou sur le site internet.

Si le litige persiste, il peut envoyer une lettre recommandée avec avis de réception récapitulant l'objet de la réclamation.

Si le vendeur ne répond pas au courrier, ou s'il répond de manière insatisfaisante, il est possible de saisir le médiateur de la consommation.

Le consommateur peut également alerter la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Où s’adresser ?

Missions : respect des règles de la concurrence, protection économique des consommateurs, sécurité et de conformité des produits et des services.

Par téléphone

3939

Coût : 0,15 € / minute + prix de l'appel (en savoir plus ).

Du lundi au vendredi de 8h45 Ă  17h15

Depuis l'outre-mer et l'étranger : +33 (0) 1 73 60 39 39 (uniquement depuis un poste fixe, coût d'une communication + coût de l'appel variable selon les pays et opérateurs)

Par messagerie

Accès au formulaire de contact .

En cas de litige avec un commerçant d'un autre pays de l'Union européenne, de la Norvège ou de l'Islande, le consommateur peut solliciter l'intervention du centre européen des consommateurs (CEC France).

Où s’adresser ?

Informations sur les achats transfrontaliers, les différentes réglementations européennes en matière de consommation, le règlement des litiges transfrontaliers

Par téléphone

0820 20 09 99

Ouvert du mardi au jeudi de 9h Ă  12h et de 13h Ă  17h

Numéro violet ou majoré : coût du service 0,12 € /min + prix d'un appel

Sur place

Centre Européen des Consommateurs France

Bahnhofsplatz 3

77694 Kehl

Allemagne

Ouverture des bureaux au public du mardi au jeudi, de 9h Ă  12h et de 13h Ă  17h

En ligne

Accès au formulaire de contact

En cas de litige avec un professionnel situé en dehors de l'Union européenne, il peut déposer une plainte auprès du réseau international de contrôle et de protection des consommateurs (RICPC).

En l'absence de solution amiable, il est possible de saisir la justice.

La juridiction compétente dépend des sommes en jeu dans le litige.

  • Pour un litige infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  10 000 €, c'est le tribunal de proximitĂ© ou le tribunal judiciaire.
  • Pour un litige supĂ©rieur Ă  10 000 €, c'est le tribunal judiciaire.

S'il est victime d'une infraction (par exemple abus de faiblesse), il peut porter plainte auprès du procureur de la République près du tribunal de son lieu d'activités.