Fiche pratique

Placement d'un enfant sur décision judiciaire

Vérifié le 01/01/2020 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

Un enfant en danger peut, sous certaines conditions, être placé c'est-à-dire être retiré de son milieu familial sur décision judiciaire.

Le placement d'un enfant est une mesure de protection qui retire un mineur de son milieu familial. C'est une mesure exceptionnelle qui n'est prise que lorsque le maintien dans le milieu familial expose l'enfant Ă  un danger.

Par exemple :

  • lorsque le milieu familial n'est pas en mesure de garantir sa santĂ© (par exemple, absence de soins mĂ©dicaux), sa sĂ©curitĂ© ou sa moralitĂ©,
  • ou si les conditions de son Ă©ducation ou de son dĂ©veloppement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises.

La mesure de placement peut ĂŞtre prise en mĂŞme temps pour plusieurs enfants relevant de la mĂŞme famille.

Un bilan de santé et de prévention est obligatoirement réalisé à l'entrée du mineur dans le dispositif de protection de l'enfance.

 Ă€ noter

la mesure de placement est plus généralement englobée dans ce que l'on appelle l'assistance éducative.

Le juge des enfants est généralement saisi par le procureur de la République.

Il peut aussi intervenir à la demande :

  • des parents (ensemble ou non),
  • ou de la personne ou de l’institution Ă  qui l'enfant avait Ă©tĂ© confiĂ© provisoirement par l'aide sociale Ă  l'enfance (Ase),
  • ou de l'enfant lui-mĂŞme.

Exceptionnellement, le juge des enfants peut se saisir d'office.

Le juge compétent est celui du tribunal du domicile de la personne chez qui l'enfant réside. Il doit être être saisi au moyen d'une simple requête exposant les motifs de la saisine et la demande d'intervention du juge.

Dès l'ouverture de la procédure, le juge doit informer :

  • le procureur de la RĂ©publique,
  • et, s'ils ne sont pas demandeurs, les parties (parents, personne ou institution Ă  qui l'enfant a Ă©tĂ© confiĂ©).

Au cours de la procédure, le juge doit convoquer :

  • chacun des parents,
  • la personne ou l'institution Ă  qui l'enfant a Ă©tĂ© confiĂ© provisoirement,
  • l'enfant s'il est capable de discernement.

Le juge ordonne toute mesure d'information sur la personnalité et les conditions de vie de l'enfant et de ses parents (enquête sociale, examens médicaux...).

Le dossier de la procédure peut être consulté au greffe du tribunal.

Formulaire
Demande de consultation du dossier d'assistance Ă©ducative au tribunal pour enfants

Cerfa n° 13483*02

AccĂ©der au formulaire (pdf - 80.7 KB)  

Ministère chargé de la justice

  Ă€ savoir

les parties peuvent choisir un avocat ou demander au juge qui leur en soit désigné un d'office.

Le juge doit recevoir les parents (ou le tuteur) et le mineur avant toute décision. Il doit toujours s'efforcer de recueillir l'adhésion de la famille à la mesure envisagée et se prononcer uniquement dans l'intérêt de l'enfant. Chaque fois qu'il est possible, le mineur doit être maintenu dans son milieu actuel.

Le juge peut décider de confier l'enfant :

  • Ă  l'autre parent (si l'enfant n'avait pas sa rĂ©sidence habituelle chez lui et ne court pas de danger),
  • ou Ă  un autre membre de la famille ou Ă  un tiers digne de confiance,
  • au service dĂ©partemental de l'aide sociale Ă  l'enfance (Ase), qui place l'enfant en famille d'accueil ou dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ©,
  • ou Ă  un service ou Ă©tablissement habilitĂ© pour l'accueil sĂ©quentiel de mineurs (ex : Ă  la journĂ©e, 2 fois par semaine ...),
  • ou Ă  un service ou Ă©tablissement sanitaire ou d'Ă©ducation (ex : maison d'enfants Ă  caractère sanitaire et social, hĂ´pital ...).

La décision doit être notifiée aux parties dans les 8 jours.

En cas d'urgence et sans attendre la fin de la procédure, le juge des enfants peut prononcer une mesure de protection provisoire.

Il peut décider de confier l'enfant :

  • au service dĂ©partemental de l'aide sociale Ă  l'enfance (Ase), qui place l'enfant en famille d'accueil ou dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ©,
  • ou dans une structure appelĂ©e lieu de vie (petite structure spĂ©cialisĂ©e pour recevoir des adolescents en danger),
  • ou Ă  l'autre parent (si l'enfant n'avait pas sa rĂ©sidence habituelle chez lui et ne court pas de danger),
  • ou Ă  un autre membre de la famille ou Ă  un tiers digne de confiance.

Il doit auditionner les parties au plus tard 15 jours après sa décision.

Le juge peut aussi demander l'intervention d'un éducateur dans la famille ou dans le service ou chez la personne à qui l'enfant a été confié.

Le procureur de la RĂ©publique peut prendre les mĂŞmes mesures provisoires que le juge. Dans ce cas, il doit saisir le juge des enfants dans les 8 jours suivant le placement provisoire. Le juge des enfants doit alors tenir une audience dans les 15 jours suivant sa saisine.

La décision du juge doit être notifiée aux parties dans les 8 jours.

Le juge peut prononcer cumulativement le placement d'un mineur Ă  l'aide sociale Ă  l'enfance (Ase) et une mesure Ă©ducative en milieu ouvert.

La décision du juge des enfants peut faire l'objet d'un appel dans les 15 jours qui suivent sa notification.

L'appel doit être présenté devant la chambre des mineurs de la cour d'appel compétente.

Cet appel peut être formé par :

  • le ou les parents ou leur avocat,
  • le tuteur de l'enfant s'il en a un,
  • l'enfant lui-mĂŞme,
  • la personne ou le service Ă  qui l'enfant a Ă©tĂ© confiĂ©,
  • le procureur de la RĂ©publique.

Où s’adresser ?

La mesure de placement dure 2 ans maximum. Elle peut être renouvelée plusieurs fois par décision motivée.

Exceptionnellement, si les parents présentent des difficultés éducatives graves, sévères et continues, le placement dans un service ou une institution peut être prononcé pour une durée plus longue.

La mesure de placement peut toutefois être modifiée à tout moment par le juge, après une nouvelle audience, en cas de changement de la situation de l'enfant et de sa famille.

Pour ce faire, l'enfant lui-même, son père ou sa mère, son tuteur ou la personne à qui l'enfant a été confié doit saisir le juge des enfants d'une requête dans le cadre du suivi du dossier de l'enfant.

Formulaire
RequĂŞte au juge des enfants dans le cadre du suivi d'un dossier d'assistance Ă©ducative

Cerfa n° 15707*02

AccĂ©der au formulaire (pdf - 89.2 KB)  

Ministère chargé de la justice

Pour vous aider Ă  remplir le formulaire :

Autorité parentale

Les parents exercent tous les attributs de l'autorité parentale qui ne sont pas incompatibles avec la mesure..

Toutefois, la personne ou l'institution à qui l'enfant est confié peut être exceptionnellement autorisée par le juge à exercer un acte relevant de l'autorité parentale en cas :

  • de refus abusif ou injustifiĂ© des parents,
  • ou de nĂ©gligence des parents.

L'autorité parentale peut également être retirée totalement aux parents en cas de désintérêt pour leur enfant.

Droits de visite et d'hébergement

Le choix du lieu d'accueil doit faciliter le droit de visite et d'hébergement par le ou les parents et le maintien des liens de l'enfant avec ses frères et sœurs.

Si l'enfant a été confié à une personne ou un établissement, ses parents conservent un droit de correspondance et un droit de visite et d'hébergement.

Le juge en fixe les conditions et peut, dans l'intérêt de l'enfant, décider que :

  • ses droits, ou l'un d'eux, sont provisoirement suspendus,
  • le droit de visite des parents ne peut s'exercer que dans un espace de rencontre ou en prĂ©sence d'un tiers.

Dans l'intérêt de l'enfant ou en cas de danger, le juge peut décider de l'anonymat du lieu d'accueil.

Devoir d'entretien et d'Ă©ducation

Les frais d'entretien et d'éducation de l'enfant restent à la charge de ses parents (et des grands-parents auxquels des aliments peuvent être réclamés). Le juge peut toutefois les décharger totalement ou en partie de ces frais.