Fiche pratique

DĂ©duction fiscale pour l'achat d'Ĺ“uvres d'art

Vérifié le 28/02/2019 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

Les entreprises qui achètent des œuvres originales d'artistes vivants pour les exposer au public ou des instruments de musique destinés à être prêtés aux artistes peuvent, dans certaines conditions, déduire le prix d'acquisition de leur résultat imposable.

Quelle que soit l'activité de l'entreprise, la déduction concerne :

  • les sociĂ©tĂ©s soumises, de plein droit ou sur option, Ă  l'impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s (IS) ;
  • les entreprises individuelles soumises Ă  l'impĂ´t sur le revenu dans la catĂ©gorie des BIC.

Les œuvres achetées en vue de la revente figurent parmi les stocks de l'entreprise (négociants, galeries d'art, ou toute entreprise intervenant dans les transactions d'œuvres d'art) et n'ouvrent pas droit à la déduction.

 Attention :

le dispositif de la déduction nécessite de pouvoir inscrire le prix d'acquisition déductible à un compte de réserve spéciale au passif du bilan de l'entreprise, ce qui exclut de fait les entrepreneurs individuels soumis dans la catégorie des BNC, principalement les professions libérales, qui n'ont pas la faculté de créer au passif de leur bilan un compte de cette nature.

Ĺ’uvre originale d'un artiste vivant

Pour bénéficier de la déduction, l'entreprise doit exposer l'œuvre d'art dans un lieu accessible gratuitement au public ou aux salariés, à l'exception de leurs bureaux, pendant 5 ans (soit la période correspondant à l'exercice d'acquisition et aux 4 années suivantes).

Les œuvres concernées sont :

  • des tableaux, peintures, dessins, aquarelles, gouaches, pastels, monotypes, entièrement exĂ©cutĂ©s de la main de l'artiste ;
  • des gravures, estampes et lithographies, tirĂ©es en nombre limitĂ© directement de planches entièrement exĂ©cutĂ©es Ă  la main par l'artiste, quelle que soit la technique ou la matière employĂ©e, Ă  l'exception de tout procĂ©dĂ© mĂ©canique ou photomĂ©canique ;
  • des productions en toutes matières de l'art statuaire ou de la sculpture et assemblages, dès lors que ces productions et assemblages sont exĂ©cutĂ©s entièrement de la main de l'artiste, Ă  l'exclusion des articles de bijouterie, d'orfèvrerie et de joaillerie ;
  • des fontes de sculpture Ă  tirage limitĂ© Ă  8 exemplaires et contrĂ´lĂ© par l'artiste ou ses ayants-droit ;
  • des tapisseries faites Ă  la main, sur la base de cartons originaux fournis par l'artiste, limitĂ©es Ă  8 exemplaires ;
  • des exemplaires uniques de cĂ©ramique, entièrement exĂ©cutĂ©s de la main de l'artiste et signĂ©s par lui ;
  • des Ă©maux sur cuivre, entièrement exĂ©cutĂ©s Ă  la main, dans la limite de 8 exemplaires numĂ©rotĂ©s et comportant la signature de l'artiste, Ă  l'exclusion des articles de bijouterie, d'orfèvrerie et de joaillerie ;
  • des photographies prises par l'artiste, tirĂ©es par lui ou sous son contrĂ´le, signĂ©es et numĂ©rotĂ©es dans la limite de 30 exemplaires, tous formats et supports confondus.

  Ă€ savoir

les productions artisanales ou de série ne constituent pas des œuvres originales.

L'artiste doit ĂŞtre vivant au moment de l'achat de l'Ĺ“uvre. L'entreprise doit pouvoir justifier de l'existence de l'artiste Ă  la date d'acquisition.

L'exposition de l'œuvre peut être réalisée :

  • dans les locaux de l'entreprise, Ă  condition qu'ils soient effectivement accessibles au public ou aux salariĂ©s (il ne peut pas s'agir d'un bureau personnel, d'une rĂ©sidence personnelle ou d'un lieu rĂ©servĂ© aux seuls clients de l'entreprise, par exemple) ;
  • lors de manifestations organisĂ©es par l'entreprise ou par un musĂ©e, une collectivitĂ© territoriale ou un Ă©tablissement public auquel le bien aura Ă©tĂ© confié ;
  • dans un musĂ©e auquel le bien est mis en dĂ©pĂ´t ;
  • par une rĂ©gion, un dĂ©partement, une commune ou un de leurs Ă©tablissements publics ou un Ă©tablissement public Ă  caractère scientifique, culturel ou professionnel.

L'exposition doit être permanente (pendant les 5 années requises), et non réalisée à l'occasion de manifestations ponctuelles (exposition temporaire, festival saisonnier, notamment).

Quelles que soient les conditions d'exposition au public adoptées par l'entreprise, le public doit être informé du lieu d'exposition et de sa possibilité d'accès au bien. L'entreprise doit donc communiquer l'information appropriée au public, par des indications attractives sur le lieu même de l'exposition et par tous moyens promotionnels adaptés à l'importance de l'œuvre.

Instrument de musique

Pour bénéficier de la déduction, l'entreprise doit s'engager à prêter l'instrument de musique à titre gratuit aux artistes-interprètes qui en font la demande.

L'entreprise doit pouvoir justifier cet engagement, notamment en démontrant qu'elle a procédé à la publicité de son offre de prêt auprès des artistes-interprètes potentiellement concernés :

  • personnes qui suivent une formation musicale dans un Ă©tablissement d'enseignement musical ou qui ont une qualification musicale d'un diplĂ´me correspondant Ă  un cycle 3 de conservatoire national de rĂ©gion (ou d'Ă©cole nationale de musique) ou d'un Ă©quivalent europĂ©en ;
  • Ă©tudiants et anciens Ă©tudiants des conservatoires nationaux supĂ©rieurs de musique de Paris et de Lyon ;
  • personnes qui exercent, Ă  titre professionnel, une activitĂ© d'artiste-interprète.

Le prix d'acquisition de l'œuvre d'art (ou de l'instrument) peut être déduit de manière extra-comptable du résultat imposable de l'exercice d'acquisition et des 4 années suivantes, par fractions égales, soit 1/5e (20 %) chaque année.

La base de la déduction est constituée par le prix de revient de l'œuvre ou de l'instrument, correspondant à la valeur d'origine (son prix d'achat, augmenté des frais accessoires éventuels et diminué de la TVA récupérable).

Les frais supportés lors de l'acquisition, qui ne sont pas inclus dans son prix de revient (notamment les commissions versées aux intermédiaires), sont exclus de la base de la déduction ; ils sont immédiatement déductibles.

Les sommes sont déductibles dans la limite de 10 000 € ou 5 ‰ (pour mille) du chiffre d'affaires hors taxe lorsque ce dernier montant est plus élevé, minorée du total des versements effectués au titre du mécénat.

Si la fraction du prix d'acquisition ne peut être totalement déduite au titre d'une année, l'excédent non utilisé ne peut pas être reporté pour être déduit sur une année ultérieure.

Pour les entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés (IS) ou à l'impôt sur le revenu au titre des BIC, les sommes doivent être déduites du résultat de l'exercice :

  • sur le tableau n°2058-A (cerfa n°10951), ligne XG, lorsque l'entreprise relève du rĂ©gime du rĂ©el normal ;
  • sur le tableau n°2033-B (cerfa n°10957) lorsqu'elle est placĂ©e sous le rĂ©gime simplifiĂ© d'imposition.

Toute déduction non pratiquée par l'entreprise au titre d'une année est définitivement perdue.

L'entreprise doit inscrire une somme égale à la déduction à un compte de réserve spéciale, figurant au passif du bilan.

Cette somme doit être réintégrée de façon extra-comptable au résultat imposable en cas de :

  • changement d'affectation (l'Ĺ“uvre n'est plus exposĂ©e au public ou l'instrument n'est plus prĂŞtĂ©) ;
  • de cession de l'Ĺ“uvre ou de l'instrument (le bien sort de l'actif immobilisĂ©) ;
  • de prĂ©lèvement sur le compte de rĂ©serve (le prĂ©lèvement de tout ou partie des sommes affectĂ©es au compte de rĂ©serve spĂ©ciale entraĂ®ne une rĂ©intĂ©gration des sommes prĂ©levĂ©es dans les bĂ©nĂ©fices imposables au taux de droit commun).

L'entreprise peut constituer une provision pour dépréciation, lorsque la dépréciation de l'œuvre excède le montant des déductions déjà opérées.

 Ă€ noter

le plafond de 10 000 € s'applique aux versements effectués au cours des exercices clos à partir du 31 décembre 2019.